Une bactérie intestinale qui régénère le côlon (étude suisse)


LAUSANNE / BERNE - Des scientifiques de l'EFPL ont découvert comment une bactérie aide à restaurer la barrière intestinale lors de lésions en rétablissant l'équilibre des acides biliaires. Ces résultats pourraient ouvrir la voie à de nouveaux traitements de la rectocolite hémorragique, une maladie inflammatoire chronique de l'intestin.

L'intestin humain abrite des milliards de bactéries qui jouent un rôle vital dans la digestion, l'immunité et la santé en général. Lorsque cet équilibre est perturbé, cela peut contribuer au développement de maladies comme la rectocolite hémorragique (RCH), a indiqué lundi l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) dans un communiqué.

L'une des caractéristiques de la RCH est une carence en certains acides biliaires, des molécules qui aident à digérer les graisses et à réguler l'équilibre intestinal. Ces molécules ne sont pas seulement produites par le foie, elles sont aussi transformées par certaines bactéries intestinales en des formes qui favorisent la régénération de la barrière intestinale.

Les patients atteints de RCH présentent des taux plus faibles de ces acides biliaires microbiens, ce qui suggère que leur restauration pourrait favoriser la guérison.


Acteur-clé

Des équipes de recherche dirigées par Kristina Schoonjans et Rizlan Bernier-Latmani, de l'EPFL, ont identifié Clostridium scindens, une bactérie qui transforme les acides biliaires primaires en acides biliaires 7α-déshydroxylés, comme un acteur clé de la régénération intestinale.

Les auteurs ont testé leur hypothèse sur des souris atteintes de colite ulcéreuse, un modèle murin mimant la RCH. Les souris qui ont reçu Clostridium scindens ont récupéré plus rapidement, montrant une diminution de l'inflammation et une régénération accrue de la paroi intestinale, selon ces travaux publiés dans la revue EMBO Molecular Medicine.

Les scientifiques ont découvert que ces effets étaient dépendants de TGR5, un récepteur répondant aux acides biliaires 7α-déshydroxylés. Lorsqu'ils ont testé le traitement chez des souris dépourvues de ce récepteur, les bénéfices ont disparu.

Pour valider davantage leurs résultats, ils ont analysé les données de patients afin de déterminer si des mécanismes similaires étaient impliqués chez l'humain. Ils ont constaté que chez les patients atteints de RCH, les taux plus faibles d'acides biliaires 7α-déshydroxylés étaient fortement corrélés avec une altération du renouvellement cellulaire intestinal.

Stratégies ciblées

Cela renforce le lien entre le métabolisme des acides biliaires et la régénération intestinale. "Nos résultats soulignent le potentiel des stratégies ciblées sur le microbiote intestinal pour moduler le métabolisme des acides biliaires et favoriser la restauration de la paroi intestinale", conclut Antoine Jalil, principal auteur de l'étude, cité dans le communiqué.

En rétablissant l'équilibre naturel des acides biliaires grâce à des bactéries bénéfiques, cette stratégie pourrait offrir une alternative thérapeutique plus durable pour les patients atteints de RCH. Des scientifiques de l'Université de Berne ont également contribué à ces travaux.

Le 17 mars 2025. Sources : Keystone-ATS. Crédits photos: Adobe Stock, Pixabay ou Pharmanetis Sàrl (Creapharma.ch).

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