Le succès des thérapies psychédéliques passerait par la relaxation
FRIBOURG - Le succès des thérapies psychédéliques - assistées par le LSD ou la psilocybine - passerait davantage par la relaxation que par le "trip" ou les états extatiques. C'est ce qu'indique une étude de l’Université de Fribourg publiée dans le Journal of Psychopharmacology.
En Suisse, la thérapie psychédélique est utilisée depuis longtemps avec succès. Ainsi, depuis 2014, un programme médical spécifique autorise l’usage du LSD et de la psilocybine - principe actif des champignons psilocybes - pour traiter des maladies psychiques résistantes aux thérapies traditionnelles.
Cette étude de l’Université de Fribourg (UNIFR) fournit de nouveaux enseignements sur les mécanismes d’action des thérapies assistées par psychédéliques (TAP): les expériences mystiques, souvent décrites comme étant au cœur de ces traitements, ne sont probablement pas aussi déterminantes pour le succès thérapeutique qu’on ne le pensait jusqu’à présent.
Selon les auteurs qui ont analysé des données du programme suisse pour l’utilisation médicale du LSD et de la psilocybine, les sujets qui avaient ressenti une profonde détente pendant le traitement étaient ceux dont les symptômes dépressifs s’étaient le plus atténués.
Une thérapie sûre
L’équipe de recherche s’est penchée sur les cas de 28 patientes et patients atteints de dépression grave qui ne réagissaient à aucune thérapie conventionnelle et qui étaient traités dans le cadre du programme TAP suisse.
Pour ce faire, elle a comparé les expériences de ces derniers avec celles d’un groupe de contrôle composé de 28 personnes en bonne santé. Outre l’efficacité, l’étude a également examiné la sécurité des thérapies psychédéliques.
Les résultats sont encourageants: les malades qui souffraient des formes les plus sévères de dépression, souvent en association avec d’autres pathologies psychiques ou somatiques, ont bien supporté le traitement. Ils n’ont fait part que d’effets secondaires légers et passagers, comme des maux de tête ou de la fatigue.
Le fait que beaucoup aient continué à prendre leurs antidépresseurs habituels pendant le traitement n’a pas non plus provoqué de problèmes de sécurité majeurs. "Ce constat rend le traitement nettement plus accessible, car l’arrêt des antidépresseurs constitue un obstacle élevé pour bon nombre de patientes et patients", indique Gregor Hasler, directeur de l’étude, cité mercredi dans un communiqué de l'UNIFR.
De nouvelles impulsions
Les résultats de l’étude donnent par ailleurs de précieuses indications sur la façon dont les thérapies psychédéliques peuvent être optimisées. En particulier, des techniques de relaxation ciblées, telles que des exercices de respiration ou de la méditation, pourraient faire partie intégrante des futurs protocoles de soins.
"Nos données montrent que la détente n’a pas pour seul effet d’améliorer le vécu pendant la séance: elle accroît aussi le bénéfice thérapeutique à long terme", ajoute le Pr Hasler. Ces résultats pourraient influencer grandement la future construction de ces approches thérapeutiques innovantes.
Le 29 janvier 2025. Sources : Keystone-ATS. Crédits photos: Adobe Stock, Pixabay ou Pharmanetis Sàrl (Creapharma.ch).