La pneumonie à mycoplasme, disparue depuis le Covid, est de retour


ZURICH - La pneumonie à mycoplasme, qui avait disparu grâce aux mesures de lutte contre le Covid-19, fait son retour. Après plus de trois ans d'absence, elle a retrouvé son niveau d'avant la pandémie, selon une étude zurichoise publiée dans la revue The Lancet Microbe (DOI : 10.1016/S2666-5247(23)00344-0).

"Du point de vue scientifique, c'était absolument fascinant", a indiqué à Keystone-ATS le responsable de l'étude, Patrick Meyer Sauteur, de l'Hôpital universitaire pédiatrique de Zurich.

Les mesures prises lors de la pandémie de Covid-19 ont également provoqué un recul d'autres agents pathogènes, mais tous sont ensuite rapidement réapparus, à l'exception notable des mycoplasmes, souligne le chercheur. Seuls quelques foyers isolés étaient signalés, selon une étude de la même équipe publiée en juillet.

Désormais, la pause est bel et bien finie, on est revenu au niveau d'avant la pandémie, et la Suisse enregistre même des chiffres records. "La hausse des infections ces derniers mois est très impressionnante", note Patrick Meyer Sauteur.

"Il s'agira de surveiller de près l'évolution de la situation", dit-il. Après trois ans d'absence, l'immunité au sein de la population est plus faible, ce qui pourrait avoir pour conséquence des infections plus nombreuses et plus graves. Pour l'heure, ce n'est pas le cas, précise-t-il.

En outre, vu la longue absence de la bactérie, il est possible que le personnel n'y pense plus, même en présence des symptômes correspondants, ajoute le spécialiste. Le retour en force des infections à mycoplasmes a été constaté entre avril et septembre 2023, selon une surveillance menée sur 44 sites dans 24 pays du monde entier.


Pneumonie "atypique"

Cette pneumonie "atypique" est provoquée par la bactérie Mycoplasma pneumoniae. Avant le Covid, elle était la cause principale de pneumonie bactérienne chez l'enfant.

M. pneumoniae est endémique à l’échelle mondiale, avec des recrudescences régulières, par exemple dans les familles, les écoles ou les installations militaires. La maladie est plus fréquente lorsque les températures sont élevées, en été et au début de l’automne.

La transmission se fait par gouttelettes lors de contacts rapprochés. La maladie est considérée comme très contagieuse. M. pneumoniae est une cause fréquente de pneumonie communautaire, principalement chez l’enfant et l'adolescent, mais aussi chez l'adulte.

Quant à expliquer l'absence prolongée de la bactérie, les auteurs évoquaient en juillet le temps de génération plus long (six heures, contre 10-20 minutes pour d'autres bactéries conventionnelles), et une incubation plus lente (une à trois semaines) des mycoplasmes.

Découvert dans les années 1940, ce microorganisme a longtemps été considéré comme un virus, notamment de par la difficulté à le cultiver. Il peut causer de nombreuses complications, certaines graves, telles que des lésions dermatologiques et des atteintes du système nerveux central. Ces dernières années, la propagation de mutants résistants aux antibiotiques pose un défi supplémentaire, notamment en Asie.

Le 23 novembre 2023. Sources : Keystone-ATS. Crédits photos: Adobe Stock, Pixabay ou Pharmanetis Sàrl (Creapharma.ch). Légère adaptation du texte : Xavier Gruffat (pharmacien).

Référence étude : The Lancet Microbe (DOI : 10.1016/S2666-5247(23)00344-0).

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