Psychiatrie - Pourquoi schizophrénie et apathie vont de pair


GENEVE - Outre les symptômes hallucinatoires ou délirants, l’apathie et le manque de motivation vont de pair avec la schizophrénie. Une équipe genevoise a identifié les bases de ce trouble dans les circuits cérébraux de la récompense.

En comparant l’activation neuronale d’un groupe de patients à celle d’un groupe contrôle lors d’un jeu basé sur la récompense, une équipe de l’Université et des Hôpitaux universitaires de Genève (UNIGE/HUG), en collaboration avec la Charité Berlin, montre dans la revue Brain que le cerveau des personnes atteintes de schizophrénie ne parvient pas à discriminer de manière suffisamment subtile différents niveaux de récompense.

"Le manque de motivation est à la base des difficultés que rencontrent les personnes atteintes de schizophrénie à suivre des études, à garder un travail, ou encore à s’engager dans des contacts sociaux", explique Stefan Kaiser, professeur ordinaire à l’UNIGE et médecin-chef du Département de psychiatrie des HUG, qui a dirigé ces travaux.

"De plus, les antipsychotiques prescrits contre les phénomènes hallucinatoires et les délires n’ont aucun effet sur les problèmes de motivation. Il n’existe à l’heure actuelle aucun traitement efficace pour ces derniers", précise le chercheur, cité mardi dans un communiqué de l'UNIGE et des HUG.


Sous-activation ou saturation

Pour cette étude, les scientifiques ont enrôlé 152 volontaires - 86 personnes souffrant de schizophrénie et 66 "contrôles" d’âge et de genre similaires - pour jouer à un jeu de récompenses dans une IRM afin d’observer l’activation de leurs régions cérébrales.

Lors de la première session, les personnes atteintes de schizophrénie présentaient un niveau d’activation plus bas que les personnes "contrôles", en particulier lorsque le gain était faible, comme si leur cerveau peinait à s’activer.

En revanche, lors de la deuxième session, de nombreuses personnes malades ont vu leur activité cérébrale augmenter considérablement, même au-delà du groupe de contrôle qui a, lui, conservé le même niveau d’activation.

Selon les scientifiques, ces résultats montrent que, chez les personnes atteintes de schizophrénie, la réponse neuronale ne parvient pas à s’adapter au contexte de la récompense. Il y a soit sous-activation, soit saturation, qui indiquent un défaut de régulation de cette structure cérébrale.

Dans les deux cas, la personne ne peut pas évaluer correctement la récompense afin d’adapter son comportement. Ces résultats ouvrent un certain nombre de pistes thérapeutiques, comme par exemple une psychothérapie visant à agir sur la perception de la récompense ou la stimulation cérébrale non invasive, une technique déjà utilisée contre la dépression.

Le 2 juillet 2024. Sources : Keystone-ATS. Crédits photos: Adobe Stock, Pixabay ou Pharmanetis Sàrl (Creapharma.ch).

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